L’une est une ville en pleine mutation, la deuxième une ville moyenne particulièrement volontariste, la dernière une commune rurale en plein essor. Situées dans des territoires sur ne peut plus différents, Saint-Denis, Saint-Dizier et Limours partagent pourtant une même et forte conviction : la culture constitue un atout de premier ordre pour leur développement et leur attractivité, mais aussi et surtout pour l’émancipation. et l’épanouissement des citoyens.
Saint-Denis, ville de toutes les cultures
« Remplacer la périphérie au centre et ne plus être réduit à être la banlieue de » : c’est par ces mots que Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, avait lancé en 2021 la campagne de candidature de la ville au titre de Capitale européenne de la culture. Cette candidature n’a finalement pas abouti, mais l’élan qu’elle a impulsé n’a pas faibli. L’équipe municipale reste fidèle à son projet : transformer la ville pour que Saint-Denis, de cité dortoir toujours renvoyée à ses difficultés, devienne une ville hospitalière, où il fait bon vivre.
La culture, moteur d’une fierté retrouvée
Cela implique bien sûr d’agir sur le bâti. Que de nouveaux parcs soient créés. Que la ville sorte de son isolement grâce à une meilleure desserte en transports en commun. Mais cela passe aussi par une offre culturelle de qualité. L’enjeu, en particulier pour la jeunesse, particulièrement nombreuse, est que Saint-Denis, au travers de sa culture, ou plutôt de ses cultures (plus de 120 nationalités se côtoient), retrouve une forme de fierté. Et que cette fierté contribue à la cohésion sociale.
C’est pour donner une traduction concrète à ce projet que la municipalité, depuis trois ans, a multiplié les partenariats avec les institutions culturelles en France et à l’étranger. Ces partenariats ont plusieurs objectifs. Celui, tout d’abord, de donner une plus grande visibilité aux talents dont regorgent la ville ainsi qu’à ses cultures, qui ne se résument pas aux cultures urbaines, même si elles occupent une place importante.
Des cultures plurielles pour toutes et tous
La culture, à Saint-Denis, c’est un patrimoine religieux remarquable, avec la basilique cathédrale Saint-Denis, dont le chantier de reconstruction de la Flèche débutera l’an prochain. C’est un festival de musique classique qui chaque année, met à l’honneur des artistes également reconnus que Myung-Whun Chung, Simon Rattle, ou Gauthier Capuçon. C’est le théâtre Gérard Philippe, dont la directrice, Julie Deliquet, a été en 2023 la première femme à faire l’ouverture du Festival d’Avignon dans la cour d’honneur du Palais des Papes. Ce sont aussi des studios de tournage, les Studios de la Montjoie (ex-AB Productions), récents lauréats de l’appel à projets France 2030 – La grande fabrique de l’image, qui contribuent à faire de Saint-Denis une terre de cinéma.
Les partenariats, en incitant les acteurs culturels dionysiens à nouer des liens avec d’autres institutions, sont un formidable un coup de projecteur sur cette effervescence que l’on observe dans tous les domaines de la création.
L’autre objectif des partenariats est d’accélérer certaines politiques, dans le domaine de l’EAC en particulier. La convention avec la Philharmonie de Paris concernant le déploiement des orchestres DÉMOS, a été renouvelée l’été dernier, et d’autres doivent prochainement être signées avec le Musée d’Orsay et le Palais de Chaillot. Objectif affiché : permettre aux jeunes de sortir du territoire et qu’ils n’étaient plus le sentiment d’être attribués à résidence.
Les JO, accélérateurs de culture
La dynamique culturelle se nourrit également des grands événements sportifs accueillis par la ville. Après la Coupe du monde de rugby, les Jeux Olympiques et Paralympique de Paris 2024, au travers de l’Olympiade culturelle, seront une occasion unique de valoriser les formes artistiques présentes à Saint-Denis, et plus largement sur l’agglomération de Plaine Commune . Le projet phare sera la Street Art Avenue, parcours d’art urbain unique en Ile-de-France, qui s’étend sur près de cinq kilomètres le long du canal Saint-Denis. La reprise du projet à l’approche des Jeux Olympiques permettra de mettre en valeur le travail de grapheurs de talents comme Marko 93, Swen ou Eros, mais aussi de rappeler l’importance du canal comme trait d’union entre Paris et la Seine- Saint-Denis. Tout un symbole pour un territoire longtemps jugé et vécu comme périphérique, mais de plus en plus central par la richesse de ses cultures.
Saint-Dizier ou le pari de la beauté
Après avoir connu la prospérité grâce à ses forges, Saint-Dizier, depuis le choc pétrolier de 1973, semblait vouée au déclin. Rien ne semblait pouvoir enrayer les effets de la récession. Une page est peut-être en train de se tourner. Depuis quelques années, tout est fait pour attirer les investisseurs. La rénovation urbaine va bon train. Et la culture fait l’objet de toutes les attentions. Au point que la cité bragarde fait aujourd’hui figure de laboratoire.
La ville réenchantée par l’art
En 2021, en pleine pandémie, une initiative a particulièrement retenu l’attention. Alors que les lieux de culture étaient devenus inaccessibles, l’équipe municipale a eu l’idée de faire de l’espace public un lieu d’exposition, en remplaçant les panneaux publicitaires par des œuvres d’art. Pendant quelques semaines, des tableaux de Klimt, Van Gogh, Monet ou Renoir, se sont ainsi offerts au regard des passants, dans une période où la possibilité de rêver, de s’émerveiller devant des chefs d’œuvres, n’était plus qu’ ‘un souvenir. Face au succès de cette opération baptisée « La beauté sauvera le monde », la RMN – Grand Palais a décidé en 2022 de devenir partenaire de la seconde édition, dupliquée dans plusieurs villes de France.
De nouvelles ambitions pour les villes moyennes
La collaboration de Saint-Dizier avec l’État et les institutions culturelles s’étend à d’autres domaines. Comme aime à le répéter Quentin Brière, maire depuis 2020, « la culture est un facteur d’unité et de rayonnement pour Saint-Dizier, et dans des villes moyennes comme les nôtres, peut être une source de dynamisme territorial. De même qu’il y a eu la grande époque des équipements culturels d’ampleur dans les métropoles, l’heure est désormais lieu d’imaginer et de déployer des dispositifs ingénieux, souples, duplicables, adaptés aux 200 villes moyennes de France ».
Des dispositifs sur mesure pour une attractivité retrouvée
C’est donc tout naturellement que Saint-Dizier est devenue la première ville à expérimenter le projet MUSE, dispositif numérique permettant d’accéder aux plus belles expositions immersives de la RMN – Grand Palais. Depuis son installation en septembre 2022, l’installation a attiré plus de 15 000 visiteurs. Une Micro-Folie, autre dispositif numérique réunissant les collections de 12 musées nationaux, a été prêtée par La Villette. Après une phase de test dans le centre-ville, l’équipement a entamé un long parcours à travers l’agglomération, permettant à des publics éloignés de la culture d’accéder à 2700 chefs d’œuvre.
En collaboration avec la Philharmonie de Paris, Saint-Dizier a mis en place cette année ses premiers orchestres DÉMOS : une centaine d’enfants de 7 à 12 ans, vivant dans des quartiers pertinents de la politique de la ville (QPV) ou dans des Les zones rurales éloignées des lieux de culture, se verront prêter un instrument de musique afin d’intégrer un orchestre philharmonique, et bénéficieront durant trois ans d’un apprentissage de la musique classique.
La qualité du travail menée en direction de la jeunesse pour favoriser l’accès à la culture a également permis à la collectivité d’être labellisée 100% EAC.
La beauté sauvera peut-être le monde. Elle pourrait aussi être une chance pour les villes qui, comme Saint-Dizier, ont choisi d’en faire un antidote contre la morosité ambiante.
Limours, « petite ville de demain » 100% EAC
Limours est une commune de 6700 habitants située dans l’Essonne, lauréate en 2020 du programme « Petites villes de demain ». Ici, la culture, tout comme l’éducation, est au centre des politiques menées par la municipalité. Cela depuis de nombreuses années, avec une attention toute particulière portée à l’EAC.
La culture pour tous, dès l’école maternelle
Les premières actions menées dans le domaine de l’éducation artistique et culturelle remontent à 2001. Elles visaient prioritairement les écoles maternelles et élémentaires. Cette dynamique s’est poursuivie depuis.
Plus de cent groupes d’élèves sont accueillis chaque année, souvent à la bibliothèque municipale, dans le cadre d’ateliers, d’expositions, de rencontres avec des artistes en résidence, ou d’événements comme La Fête de la Science ou le Salon. du Livre Jeunesse.
Un projet Orchestre à l’école a également été lancé en 2015, avec le soutien du Conseil départemental de l’Essonne, qui a permis de financer l’achat d’instruments de musique et le recrutement d’un musicien intervenant. Celui-ci a pu expérimenter une démarche pédagogique innovante, puisant dans les musiques actuelles et les musiques du monde, sur la base d’un répertoire accessible pour les enfants.
La culture à tous les âges de la vie
D’autres actions ont été développées afin que l’EAC bénéficie à tous les publics, à tous les âges de la vie (chœur intergénérationnel, pratiques musicales pour tous les âges, interventions à la résidence autonome pour personnes âgées, etc.).
La qualité du travail mené par la collectivité a permis à Limours de devenir la première commune de l’Essonne labellisée 100% EAC. Pour Chantal Thiriet, maire de Limours, « recevoir cette labellisation 100 % EAC conforte la commune dans sa volonté de poursuivre sa politique culturelle en direction de tous les publics ». Un seul mot d’ordre désormais : « ne rien s’interdire, innover, et renforcer les actions autour de la danse, du théâtre et des arts vivants ».