De mémoire de Mévoisinois, jamais un chantier aussi important n’avait été réalisé sur l’église Saint-Hilaire. Et pour preuve, ils étaient une bonne vingtaine, ce lundi matin, parfois en famille, à assister à la dépose du clocher et de la cloche : « C’est spectaculaire », lâche une habitante de ce village d’un peu plus de 600 âmes. À Mévoisins, on tient à cette église fragilisée par le temps, et notamment par la tempête de 1999. « On a bien vu quelques petits chantiers, comme le changement de tuiles ou d’ardoises sur le clocher, mais là, c’est impressionnant », renchérit un homme, assis sur un banc pour assister à l’événement.
Garder des éléments de l’ancien clocher
À 11 h 30, ce lundi matin, le clocher qui semblait à première vue imposante est apparu dans son intégralité. Flottant dans les airs, le campanile s’est avéré bien plus petit que dans l’imaginaire des Mévoisinois : « Il est petit, je l’imaginais bien plus grand », s’étonnent certains badauds.
prime Des travaux urgents pour sauver l’église du village de Mévoisins
Cette opération d’ampleur menée par la commune de Mévoisins, qui a fourni des subventions, était devenue nécessaire pour sauver l’église. Les habitants eux-mêmes avaient pris conscience de la vétusté de leur église : « Pendant l’été, elle est souvent fermée. Un jour, j’ai pu y pénétrer et j’ai vu que des champignons étaient présents un peu partout », confie une paroissienne, heureuse de voir que la commune n’abandonne pas son église.
Le clocher de l’église de Mévoisins a été déposé
« Ce genre d’édifice peut être extrêmement fragile. Il faut tout calculer. Les matériaux sont anciens et usés. Quand on commence à soulever le clocher, tout peut s’écarter et tomber. »
Patrice Peltier (Patron de l’entreprise Peltier, chargé de rénover le clocher de l’église Saint-Hilaire)
Une fois le clocher déposé, en sept minutes chrono, c’est à la cloche de 210,5 kg que les charpentiers de l’entreprise Peletier de Voves, spécialisés dans la construction ossature bois et en restauration de patrimoine ancien, se sont attaqués. Là encore, le grutage a été rapide : « Le plus délicat se fait en amont », explique avec passion le patron, Patrice Peltier. « Ce genre d’édifice peut être extrêmement fragile. Il faut tout calculer. Les matériaux sont anciens et usés. Quand on commence à soulever le clocher, tout peut s’écarter et tomber. »
Et une fois au sol, le clocher en chêne laisse, en effet, apparaît ses fragilités. Le bois est fêlé à certains endroits et d’importantes traces d’humidité sont visibles.
Le bois de la charpente du clocher a été fragilisé au fil des années.
Plusieurs mois sans clocher
L’entreprise vovéenne va donc restaurer ce campanile en utilisant un maximum de bois d’origine : « Ce clocher a toute une histoire, le but est de conserver un maximum de bois d’origine pour le nouveau », poursuit Patrice Peltier, tout juste descendu de l’important échafaudage qui permet d’accéder au clocher. Le reste de la charpente va également être rénové, tout comme les enduits qui seront retirés et refaits : « L’enduit actuel favorise l’humidité », explique Anne Grönborg, maire de Mévoisins.
Sur la cloche figure l’inscription : « J’ai été bénite par Mr Chartier, curé de Saint-Piat et nommée Louise Julie Marie, par Mr Louis Jules Aristide Louis Bézard (maire de l’époque, NDLR) et Mlle Louise Marie Augustine Sénainville. »
Une deuxième phase de travaux devrait être introduite, plus tard. Elle concerne l’intérieur de l’église où des peintures pouvant dater du XIIIe ont été découvertes, sous le badigeon. Mais il faudra patienter. En attendant, le monument devra déjà se passer de son clocher pendant plusieurs mois. « L’essentiel, c’est que notre cloche sonne de nouveau », se réjouit un voisin, Roger. « Je suis né ici, dans la cour derrière l’église, il y a 77 ans. J’ai vécu ici, alors cette église, je la connais par cœur. »
Financement. Les travaux de rénovation de la charpente, du clocher et de l’enduit s’élèvent à 404.000 € TTC. L’État participe à hauteur de 182.000 € et le département 25.000 €. Il reste 131.000 € à la charge de la commune, soit un tiers de son budget total.
Nathan Sportiello